Femme Sauvage, Bénédicte Cathelin-Alcalá
Danseuse, créative, Bénédicte Cathelin-Alcala possède de nombreuses cordes à son arc…
Installée à Marseille depuis quelques années, elle a créé la surprise avec un centre de bien-être, « Je suis io » à nul autre pareil.
Ce lieu de vie cosy et détendu réunit des activités sportives dont certaines très inédites comme le cloud yoga, le bungee, - un travail à l’élastique étonnant - des expositions d’artistes, des performances. Un melting pot osé et sensible qui rassemble les influences chères à Bénédicte.
Bénédicte, qu’évoque le fait d’être une femme sauvage aujourd’hui ?
Garder sa nature sauvage et profonde.
Chaque femme porte en elle une force créative. Une animalité. Je pense à un exemple inspiré par un livre de Clarissa Pinkola Estés, « Femmes qui courent avec les loups ». Pour reprendre ses propos, chaque femme possède une nature de loup, qui, portée par la vitalité et générosité de l’animal, s’avère donneuse de vie.
Être sauvage c’est aller vers une radicalité mais aussi vers une vie naturelle et saine. C’est protéger les autres comme le ferait un animal dans une meute mais savoir aussi se protéger soi-même. C’est le fait d’assumer sa personnalité, d’être bien dans sa peau sans souffrir de décalage par rapport aux autres.
Comment cet aspect s’incarne t-il en vous ?
En étant recentrée sur ma nature profonde. Après un cursus de danse classique, j’ai évolué vers le jazz et le contemporain privilégiant ce côté animal que j’évoquais. J’aime le rapport au sol, qui n’apparait pas dans la danse classique, aérienne. On s’y envole. Un parcours qui m’a conduit à interagir avec les éléments, en lien avec le travail Pina Bausch, dans un aspect tellurique qui m’est précieux.
Être sauvage c’est aussi donner de la liberté à son corps, dans un mouvement intérieur, une vibration qui n’obéit qu’à soi. Je ressens ce bouillonnement. Il faut le laisser s’agiter, sortir et s’exprimer. Danser c’est trouver son centre, être juste, ni au-dessus de soi, ni en-dessous. On parvient à l’esthétisme par l’équilibre et par le travail. Je suis aussi consciente en tant que danseuse de ce qu’implique la scène, des différences avec la vraie vie. C’est toujours un contexte qui implique de ne pas être dans l’obsession du contrôle. Il faut déconstruire le mythe de la perfection. Le corps change, mon corps change c’est une donnée à intégrer. Être sauvage est synonyme d’être libre. Une liberté dans le quotidien, dans sa gestuelle, dans la sexualité. Rien n’est plus érotique, que de se laisser aller, de sortir des contraintes. Même si ce n’est pas toujours facile de suivre ses pulsions.
Quel est votre rapport à la mode, à l’habit, à la parure ? Être sauvage implique-t-il un style en dehors des sentiers battus ?
On est forcément influencé par les tendances. Pour le coup, ma nature sauvage me permet de sentir ce qui me va et l’inverse. De faire des choix. Tout dépend des circonstances. Une chose est sûre, j’aime être féminine mais il est possible de l’être de bien des façons, avec un jean et une chemise blanche comme avec une robe.
C’est intéressant de trouver ce qui nous correspond sans se déguiser. Monica Belluci assume ainsi magnifiquement ce côté sauvage tout comme Emmanuelle Beart. Chacune à sa façon !
MAEVY développe la notion de mouvement libre. C’est une inspiration ?
Être à l’aise est une évidence. Le mouvement prime toujours. Ce qui n’exclut pas de se sentir décalée.
Il m’arrive d’être surprise, que rien ne se passe comme prévu. C’est une sensation que je ne déteste pas.
Propos recueillis par Fabienne Berthet.